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PHILOSOPHE ET LE CABALISTE (Le)
[Hoqer ou-Meqoubal]. Dialogue philosophique du cabaliste italien Moïse Hayim
Luzzatto* (1707-1747), publié en 1784. Il y répond aux détracteurs de la cabale
qui la considèrent comme contraire à la raison ainsi qu'aux principes de la
religion révélée. L'existence d'un monde divin comprenant une pluralité de
sefirot (émanations) contredit-il le monothéisme juif ? Luzzatto répond à cette
question en distinguant deux aspects dans l'être divin, le plan d'une volonté
infinie et sans limite appelée En Sof ("le sans fin"), qui constitue
l'essence de Dieu telle qu'elle est en elle-même et qui est impensable et
inaccessible, et un plan téléologique lié à la volonté divine de créer un monde
fini, dirigé d'une façon déterminée pendant un temps fixé. Ce second plan est
celui des attributs ou sefirot émanées de Dieu. Celles-ci sont les instruments
de sa puissance sur sa création et elles contiennent les principes de la Loi
qu'il a promulguée au Sinaï. Mais ce monde des sefirot est un univers complexe
dont l'émergence hors de la Volonté pure (l'Infini) fait l'objet d'un exposé
nourri par la doctrine théosophique de R. Isaac Louria*. Le but final de
l'ensemble du processus d'émanation et de création qui aboutit à la naissance
d'un homme doté de liberté est le désir divin qu'un être autre que Lui reçoive
sa bonté en l'ayant mérité par ses oeuvres, sans devoir "manger le pain de
la honte".
- T.F.
Verdier, 1991.
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