Le
livre de sagesse de Siméon Ben Sira a été diffusé pendant des siècles sous la
peau d’une traduction grecque : le Siracide, l’original hébreu ayant disparu.
Et c’est sur la base de cette traduction effectuée par le petit fils de
Siméon Ben Sira que ce livre de sagesse juive ancienne (180 avant J.C.) a été
canonisé par l’Eglise, dans sa version latine sous le titre : L’Ecclésiastique.
Traductions
d'une traduction, fantôme d'un livre perdu, ainsi a cheminé l’ouvrage jusqu'au jour où,
à la fin du 19ième siècle, l’original hébreu a ressuscité au trois
quart de son contenu à partir de fragments de manuscrits découverts dans la
genizah du Caire, auxquels sont venus s’ajouter de nouveaux fragments
identifiés en 1988.
La Sagesse
de Siméon Ben Sira a été traduit, pour la première fois dans les annales des publications françaises, à
partir de sa source originelle, l’hébreu.
C’est
avec un soin infini, une sensibilité à "fleur d’âme", une rigueur savante, une
érudition vertigineuse, une patience à toute épreuve que Charles a délivré au
plus près des textes manuscrits, le souffle hébreu de ce livre canonisé dans sa
version latine par l’Eglise. Pas à pas, il a œuvré, relevant des
erreurs et des contre sens canonisés par l’Eglise.
Pour
des raisons de timing éditorial, cet ouvrage qui était prêt du vivant
de Charles, a vu le jour un an après sa mort. Il est paru sous le
titre "La Sagesse de ben Sira" comme si Ben Sira était un nom alors que
l'auteur s'appelait Simon...!
Sur
le site de Verdier, l’ouvrage est ainsi présenté : « … Des notes
abondantes, surtout philologiques et historiques, accompagnent la traduction et
une introduction tente de présenter au lecteur un dossier complet concernant
aussi bien la pensée contenue dans l’ouvrage, son histoire, que les problèmes
que pose à l’historien l’interprétation. »
Ni la
portée ni les enjeux révolutionnaires de ce travail imposant ne sont pris en
compte dans cette frileuse présentation. « Ces notes abondantes, surtout
philologiques et historiques » sont autant de pièces à conviction dans ce
débat brûlant qui somnole prudemment et que personne n’a osé encore soulevé.
Aline
Mopsik
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