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Charles Mopsik : Conseiller
scientifique pour le documentaire « Le jeûne, le monde du bout des
lèvres », un film de Isy Morgensztern, réalisé par Myriam Tonelotto,
diffusé par ARTE, Avril 2001
Quelques éléments sur le
jeûne :
Généralités
Dès l’Antiquité, on trouve la
mention de proclamation de jeûne collectif en une période de malheur. Dans la
Bible, il est plusieurs fois question de jeûnes pour différents
événements : le prophète Samuel proclame un jeûne pour le repentir des
Israélites pour avoir rendu un culte à Baal (I Samuel 7:6). De même au temps du
prophète Joël (2 :15) Dieu demande aux Hébreux de revenir à lui avec
des : « Jeûnes, pleurs et lamentations ». Autre exemple plus
tardif : au temps d’Esther et de Mardochée, un jeûne est proclamé à cause
du conseil donné par Aman contre les Juifs à Assuérus (le 13 Adar avant Pourim).
Si le jeûne tombe un chabbat, il est déplacé aux jours précédents, sauf pour
Kippour.
Les talmudistes en général ont
tenté d’atténuer les exagérations dans ce domaine et ont dit qu’un
« naziréen qui se prive volontairement de vin est appelé pécheur et à bien
plus forte raison celui qui pratique souvent le jeûne » (Nédarim 10a). Il
faut se souvenir aussi des paroles fameuses d’Isaïe qui déclarait déjà que le
vrai jeûne auquel Dieu prend plaisir est de s’abstenir de faire du tort à son
prochain et non de manger.
Les cabalistes et surtout à
partir du XVIe siècle dans la mouvance d’Isaac Louria et de Hayyim Vital ont
considéré le jeûne comme une pratique essentielle de repentance et même de
réparation : le nombre de jours de jeûne correspond à la valeur numérique
attribuée aux péchés commis, y compris les plus graves ; rien de résiste à
la force du jeûne qui est capable de tout réparer quand il est accompli selon
les prescriptions précises des réparations (tiqounim) lourianiques. Mais
un autre cabaliste, R. Moïse Cordovéro a instauré un jeûne la veille des jours
de nouvelle lune, jour de jeûne appelé Yom Kippour Qatan, « petit
jour de Kippour ». La raison en est que ce jour précède et prépare le
renouvellement, qui est symbolisé par le renouveau mensuel de la lune.
Dès la fin de l’Antiquité, le
jeûne est un élément préparatoire essentiel à la montée des mystiques dans la
Merkabah, le Char divin. C’est ainsi que pour monter au Ciel, près du trône du
Roi divin, les mystiques de la littérature des Palais jeûnaient plusieurs
jours. Cette pratique est attribuée aussi à Moïse, voir Livre hébreu d’Hénoch,
chapitres additionnels, 15B2 : « Quand Moïse monta dans les hauteurs,
il jeûna 121 fois, jusqu’à ce que les demeures du hachmal lui fussent ouvertes… »
Et voir le midrach intitulé Petirat Moshé Rabbenou : « Je suis
monté dans les hauteurs et j’ai résidé sous le trône de gloire 40 jours et 40
nuits à trois reprises, pendant 120 jours et 120 nuits je n’ai pas mangé de
pain et je n’ai pas bu d’eau, comme les anges officiants » (Otsar
Midrachim, 2, p. 369-370). Le chiffre de 120 évoque les 120 ans de la
vie terrestre de Moïse, le 121 correspondant au jour où Moïse entra dans le
monde céleste après sa mort.
En ce qui concerne le jeûne
collectif (en dehors des fêtes du calendrier), voir Maïmonide, (Hilkhot Taanit
Chap. 1) : « D’après les dires des scribes, il faut jeûner pour tout
malheur afin qu’il n’advienne pas sur la communauté, jusqu’à ce que le Ciel
fasse miséricorde. Durant les jours de ces jeûnes, on crie lors des prières, on
pratique les supplications et on fait résonner les trompettes ». Une
description détaillée de ces jeûnes est donnée à propos de l’absence de pluie
(période de sécheresse), et se trouve dans la Michnah, traité
Ta’anit (1:4, 2:4) : « Le 17 du mois de Marhechvan était arrivé
et il n’avait pas encore plu. Quelques individus commencèrent à jeûner, jeûnant
à trois reprises. Ils mangeaient et buvaient dès que la nuit venait, et ils
pouvaient travailler, se laver, s'oindre, se nouer les sandales… Ces jours
passèrent et ils ne furent pas exaucés. Le Tribunal décréta trois jeûnes sur la
communauté : ils pouvaient mangeaient et boire pendant le jour, mais il
leur était interdit de travailler, de se laver, de s'oindre, de se nouer les
sandales… Ces jours passèrent mais ils ne furent pas exaucés. Le Tribunal
décréta sept jours supplémentaires, ce qui fait 13 jours de jeûne pour la
collectivité… Ces jours passèrent sans qu’ils furent exaucés. On restreint les
discussions d’affaire (ou les transactions commerciales), les constructions et
les plantations, les fiançailles et les mariages, les échanges de saluts entre
l’homme et son prochain, comme des personnes réprimandées par Dieu. Comment se
déroulaient les jeûnes ? On sortait l’arche (tévah) dans la grand
place de la ville, et on mettait de la cendre éteinte sur la surface de
l’arche, ainsi que sur la tête du prince et sur celle du chef du tribunal. Puis
chacun s’en mettait sur la tête. Le plus âgé disait devant eux des propos de
soumission : Nos frères, il n’est pas dit à propos des habitants de
Ninive : « Dieu vit leur sac et leur jeûne », mais « Dieu
vit leurs actes, car ils s’étaient repentis de leur mauvaise voie » (Jonas
3:10). Et dans les prophètes il est dit : « Déchirez vos cœurs et vos
habits » (Joël 2:13). Et ils commençaient les prières… »
« Tout homme doit
s’associer à la communauté quand elle est dans l’affliction, un individu qui
s’en séparerait, les deux anges officiants qui l’accompagnent posent les mains
sur sa tête et disent : “Cet individu-là qui se sépare de la communauté ne
verra pas la consolation de la communauté” ». (Roqéah - Eléazar de Worms, n. 210).
Quelques textes rabbiniques
anciens cités et commentés par Ephraïm Urbach :
« La formule «ou qui
consulte les morts» fait allusion à celui qui se prive de nourriture et va
passer la nuit dans un cimetière, afin qu'un esprit impur vienne reposer sur
lui. Et quand R. Aqiba parvenait à ce verset, il répandait des larmes, disant :
Si celui qui se prive de manger pour qu'un esprit d'impureté vienne reposer sur
lui [voit son désir se réaliser], combien plus celui qui jeûne afin que
l'esprit de pureté repose sur lui! Mais que devons-nous faire, voyant ce que
les iniquités de l'homme ont amené sur lui, ainsi que le dit le verset :
« Ce sont vos iniquités qui ont mis une barrière entre vous et votre
Dieu » (Sanhédrin 65b). »
Les jeûnes qui se multiplièrent
après la destruction prirent aussi un caractère de substitut à l'expiation que
réalisaient les sacrifices. Le fait est exprimé concrètement dans la prière
attribuée à Rav Sheshet :
« Souverain de l'univers,
Tu sais que lorsque le Temple existait, si un homme péchait il apportait un
sacrifice, dont la graisse et le sang étaient seuls offerts, et il obtenait son
rachat. J'ai observé un jeûne et ma propre graisse et mon propre sang ont
diminué. Que ce soit Ta volonté que ma graisse et mon sang diminués me soient
comptés comme une offrande devant Toi sur l'autel, et sois-moi
favorable ». Berakhot 17a.
Ceux qui acceptent la
souffrance avec amour et en toute conscience apportent le salut à ce monde. Il
y eut aussi des sages qui n'attendaient pas d'être visités par la souffrance et
qui accomplissaient des actes de mortification et de macération. Dans la ligne
de l'enseignement de R. Aqiba, à savoir que « les vœux sont une haie autour de
l'abstinence», ils faisaient voeu de s'imposer des restrictions et de se priver
des satisfactions de ce monde, afin de stimuler en eux-mêmes l'observance des
commandements. Ainsi R. Yohanan déclarait : « Je fais vœu de jeûner jusqu'à
ce que j'aie terminé ce chapitre, ou que j’aie achevé ma parasha.»
Toutefois, les voeux étaient dans l'ensemble liés à la crainte du péché. R.
Hiyya bar Ashi, disciple de Rav, qui pratiquait une abstinence rigoureuse et
luttait contre son penchant, jeûna toute sa vie et finit par en mourir. Même
les jeûnes que les sources amoraïques relèvent chez les Tannaim comme expiation
de transgressions mineures et dont la trace est présente dans les textes
tannaïtiques signalent une tendance répandue surtout à l'époque des Amoraïm. R.
Yehoshua déclara un jour -. « J'ai honte de vos paroles, école de Shammai»;
mais un disciple de Shammai l'ayant éclairé sur ses raisons, « R. Yehoshua se
rétracta et conforma son enseignement à l'explication de ce disciple. Il dit :
J'implore votre pardon, ossements de l'école de Shammaï ». Cependant, les
Amoraim de Babylone ne se contentèrent pas de son repentir et ne furent
satisfaits que lorsque R. Yehoshua se fut prosterné sur les tombes de l'école
de Shammaï, et le récit ajoute que, « le reste de ses jours, ses dents furent
noircies par les jeûnes ». La même chose est rapportée à propos de R. Shimon,
qui fut considéré comme irrespectueux envers son maître lorsqu'il dit que,
«jusqu'au jour de sa mort, R. Aqiba déclara la chose impure, mais qu'il
ignorait s'il s'était rétracté après sa mort». Dans la même veine, l'Amora R.
Hananiah rapporte, à propos de R. Éléazar b. Azariah, que «ses dents furent
noircies par les jeûnes» qu'il observa pour s'être comporté, dans certaine circonstance,
d'une manière contraire à la volonté des sages ».
Parallèlement à
cette tradition sur les derniers Tannaïm et les Amoraïm qui sollicitaient la
souffrance et multipliaient les jeûnes, il en existe d'autres exprimant
l'opposition à la pratique de la mortification et des épreuves auto-infligées,
quelles qu'en soient les motivations et cela pour des raisons nombreuses et
variées. Nous mentionnerons seulement celles qui signalent la répugnance de la
Halakha envers l'ascétisme. Au nom de Reish Laqish, il est dit : « Un élève des
sages n'est pas autorisé à pratiquer l'ascétisme, parce qu'il amoindrit
l'oeuvre des Cieux », et Rav Dimi dit au nom de R. Isaac, à propos de ceux
qui, d'une manière générale, font des voeux : « Les interdictions de la
Tora ne vous suffisent pas et vous voulez interdire d'autres choses
encore ! » Les adversaires de l'ascétisme adoptèrent aussi une attitude
différente à l'égard de la souffrance. Une baratta enseigne "que si le
corps d'un homme est constamment la proie de la douleur, sa vie n'est plus la
vie. Afin qu'il ne soit pas dit qu'ils avaient reçu leur récompense en ce
monde, certains sages étaient disposés à accepte un minimum de souffrance.
Selon Rava, « si un homme a mis sa poche pour en retirer trois [pièces de monnaie]
et qu’il n'en retire que deux [même cela lui sera compté comme souffrance] ».
Même en tant que moyen de rachat des péchés, Rava ne considère pas que la
souffrance soit nécessaire. Au lieu de cela, il prie : « Les péchés que j'ai
commis, efface-les par Ton abondante miséricorde, et non au moyen de souffrance
et de maladies.» En s'en remettant à Dieu pour l'expiation de ses fautes, Rava
laisse entendre qu'en toute logique il mérite de connaître la souffrance et les
maladies, et sa conception n'est donc pas si différente de celle d'autres
Amoraim qui disent : « Le Saint, béni soit-Il, peut-il donc être soupçonné de
dispenser injustement la justice ? »
L'essentiel de la repentance
est l'abandon du comportement fautif et la résolution intérieure de ne pas y
revenir, et non les actes extérieurs qui l'accompagnent, tels que le jeûne et
la prière. Aux jours de jeûne, les anciens prononçaient des paroles
d'admonestation :
« Frères! il n'est pas dit
des hommes de Ninive que «Dieu vit les sacs dont ils s'étaient couverts et leur
jeûne». Voici ce qu'il est dit : Dieu vit qu’ils s'étaient détournés de leur
voie mauvaise (Jon 3 : 10), et, dans la tradition prophétique, il est
commandé : Déchirez vos coeurs, et non vos vêtements (Jl 2
: 13).
Telle est la version de l'exhortation de la Mishna (Taanit
2, 1). Selon la Tosefta, on récitait les versets d'Isaie 58 :
3-8, et l'on ajoutait : « Si un homme tient un reptile dans sa main, même s'il
se plonge dans la piscine de Siloé et dans toutes les eaux qui furent jamais créées,
il ne sera jamais pur. S'il jette le reptile, l'immersion dans quarante seah
suffit. » L'Écriture enseigne également Celui qui les confesse et les
quitte obtiendra miséricorde (Pr 28 13); et ailleurs : Elevons nos
coeurs à deux mains vers le Dieu qui est aux cieux (Lm 3 : 41). L'image du
reptile est également ancienne, et Ben Sira utilise une argumentation similaire
(34, 25-26) : « Celui qui se lave après avoir été en contact avec un cadavre et
le touche à nouveau, qu'a-t-il gagné de son ablution? Ainsi un homme qui jeûne
pour ses péchés et les répète, qui écoutera sa prière? Et qu'a-t-il gagné à
jeûner? »
D’après d’autres sources :
Jeûne et ascèse.
- Les textes les plus récents de l'ancien Testament insistent particulièrement
sur le jeûne (Isaie 56, 6-8; Joël 2, 12; Esther 4, 16), et
les jours de jeûne officiel se multiplient (cf Zach. 7, 5; 8, 19). Jeûne
et abstinence (de vin et de viande surtout) sont considérés comme des éléments
normaux d'une conduite agréable à Dieu. Signes de pénitence, ils assurent aussi
la victoire sur le péché, favorisent la prière (Esdras 8, 23; Néh. 1,
4; Dan. 9, 3; Baruch 1, 5; Tobie 12, 8; Judith 8, 5 et 9, 1) et
préparent aux révélations divines (Ex. 34, 28; Dan. 10, 4 et 11; iv Esdras
5, 13; 6, 31; Testament de Ruben 2, 1; cf Luc 2, 36-39).
Les personnages des Apocryphes sont en général des champions du jeûne (ii
Baruch 9, 2; 12, 5; Psaumes de Salomon 3, 9), ce qui est
manifeste dans les Testaments des xii Patriarches (Ruben 1, 10;
Juda 15, 4; Siméon 3, 4, etc. Cf R. Eppel, Le piétisme juif dans les
Testaments des douze Patriarches, Paris, 1930, P. 169-171).
L'Apocalypse d'Élie (22) condamne les faux docteurs qui prétendent que le
jeûne n'a pas été créé par Dieu. Le lévite Taxo se retire avec ses fils dans
une caverne pour y jeûner trois jours, avant qu'il ne meure, plutôt que de
transgresser les commandements de Dieu. Si le jeûne est souvent mentionné dans
le nouveau Testament (Mt. 4, 2; Actes 13, 3; etc), celui-ci témoigne
aussi des usages du judaïsme (Mt. 6, 16; Marc 2, 18; Luc 18, 12), dont
le jeûne semble, aux yeux des païens, avoir été un trait caractéristique
(Tacite, Hist. v, 4 : « Longam olini famem crebris adhuc jejuniis
fatentur »). Les traités Ta'anith de la Mishnah et des Talmuds contiennent
sûrement des données très anciennes qui corroborent celles de la littérature
juive des alentours de notre ère. Cf
Strack-Billerbeek, t. 4, p. 77-114; 1. Abrahams, Studies in Pharisaism and
the Gospels, p. 121-128; 0. Betz, dans Recherches
bibliques, t. 4, 1959, P. 181-184.
Quant à l'ascèse dans le judaïsme ancien,
rappelons seulement queue pose un problème souvent débattu. Dans quelle mesure
peut-on concilier l'ascétisme et la théologie juive? « Asceticism... is largely alien to Judaism, and
is condemned by the rabbis », dit W. D. Davies (HTR, t. 61, 1968, p. 97).
Il faudrait avant tout définir
ce que l'on entend par ascèse. Les découvertes de Qumrân ayant apporté sur ce
sujet la documentation la plus abondante et la plus explicite, il vaut mieux en
renvoyer l'étude jusqu'à la publication complète des textes. A Qumrân,
s'agit-il d'un type d'ascèse préchrétienne, ou d'une ascèse à la grecque comme
l'ont cru Philon ou Josèphe (expliquant la fuite au désert par les miasmes des
villes et le célibat par la jalousie des femmes), ou plutôt d'une forme de
fidélité extrême aux exigences de pureté découlant de l'interprétation de
l'Ecriture, d'une halakhah par conséquent, fondée sur la conviction des
sectaires d'être le peuple de la nouvelle alliance, possédant le vrai sacerdoce
et le seul culte légitime ?
A mon avis : il vaut mieux
ne pas traiter de la totalité des pratiques ascétiques ou des privations
volontaires, car il faudrait une émissions spéciale pour chaque type de
privation (en particulier l’abstinence sexuelle). Il vaut mieux rester dans le
domaine de la nourriture, quitte à faire quelques allusions rapides aux autres
formes d’abstinence.
Le jeûne de la parole (ta’anit
dibour) : il s’agit d’une pratique spécifique aux juifs de Tunisie,
qui ne se rencontre pas ailleurs. Il semble donc logique d’interroger à ce
sujet un rabbin d’origine tunisienne, comme Joseph Sitruk par exemple, qui a
remis cette pratique en honneur il y a quelques années. Il me semble que cette
pratique ait pu s’inspirer de formes d’ascèse en vigueur dans certaines
confréries soufies. Donc on pourrait interroger à ce sujet un spécialiste du
soufisme. (comme Pierre Lory, ou Amir Moezzi, ou d’autres encore).
Sur Ticha Bé’av : il y a
des images à faire sur les pratiques de récitations de qinot et du
rouleau des Lamentations par des personnes assises à même le sol. Egalement, il
y aurait à filmer l’extinction solennelle des bougies le soir de Ticha be’av,
qui rappelle les pratiques du « jeudi saint », que Couperin a mis en
musique dans les Leçons de Ténèbres. Le jeûne en lui-même ne donne pas lieu à
images, mais il y a la possibilité de filmer la sortie du jeûne et le premier
repas après le jeûne qui est un moment important, plus important que le dernier
repas avant le jeûne et qui n’est pas particulièrement intéressant.
En résumé, il y a plusieurs
formes de jeûne :
Jeûnes du calendrier religieux.
Jeûnes volontaires de pénitence
individuelle.
Jeûnes en vue de prévenir
l’accomplissement d’un mauvais rêve.
Jeûnes individuels obligatoires
pour des fautes spécifiques, comme le fait d’avoir fait tomber par inadvertance
des tefilin.
Jeûnes collectifs en vue
d’arrêter une calamité, comme la sécheresse.
Jeûnes collectifs en vue
d’expier une faute collective, comme le fait d’avoir laisser tomber par
inadvertance un rouleau de la Torah dans une synagogue.
Jeûnes individuels ou de petits
groupes en vue d’obtenir des visions ou des révélations - d’un ange par
exemple.
Jeûnes individuels (ou de
petits groupes) en vue de préparer une ascension céleste. En général, la privation
de nourriture est une manière d’imiter les anges dans ces contextes.
Donc : 1 jeûnes
expiatoires ; 2 jeûnes propitiatoires ; 3 jeûnes préparatoires ;
4 jeûnes trans-substanciatoires (ou « transformatoires ») en vue
d’une angélomorphose.
Il faudrait faire le lien entre
le jeûne religieux et la « grève de la faim » : dans les deux
cas, le but est de forcer une toute-puissance extérieure à céder à une requête
ou à victimiser un coupable (dans le cas des grèves de la faim de prisonniers).
Se priver de nourriture équivaut à se laisser mourir de façon lente et le plus
souvent réversible. C’est une sorte de simulacre de suicide - de mort au monde
matériel - en vue d’accéder à un état/statut différent ou supérieur. Il y a
lieu sans doute aussi d’interroger un psy sur les motifs de l’anorexie mentale.
Le refus de s’alimenter pour des raisons religieuses ou mystiques a une étroite
relation aux refus de s’alimenter pour des raisons « profanes ». Le
discours et les pratiques religieuses peuvent donc éclairer des comportements
communs de nature différente. Voilà quelle pourrait être l’une des
démonstrations du film.
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